Un nouveau départ

Plusieurs choses ont changé au cours des dernières semaines. Tous ces changements ont bouleversé mon monde et ma vision des choses.

J'ai perdu pour la première fois un être cher, ma mémé. Je ne peux pas parler de mon deuil au passé, car je le vis encore. En janvier, elle est entrée à l'hopital. Comme j'habite loin pour aller à l'université, je n'ai pas pu la visiter souvent. Quand j'ai parlé à l'infirmière la dernière fois, elle m'a dit que dans un rien de temps ma mémé pourrait sortir de l'hopital. Quand j'ai su que ma famille l'avait placée dans un centre de longue durée, j'ai ressenti de la colère. Je ne comprenais pas, puisqu'elle m'avait parue alerte lorsque je l'avais visitée. On m'a dit qu'elle n'était plus autonome et j'ai refusé de le croire.

(N'est-elle pas belle ma mémé?)

Samedi, voilà deux semaines, alors que je travaillais sur une étude comparative de la perception de la mort européenne et amérindienne, ma mère m'a téléphonée. Il était environ 8h du matin. Elle m'a annoncée que mon arrière grand-mère reposait dans le coma et qu'elle n'avait que quelques heures à vivre. J'ai pris le premier autobus possible (après avoir fait toute une scène à la billetterie) et après quelques heures je suis arrivée à Montréal. Je voulais être certaine de pouvoir lui dire adieu.

Je me suis présentée au chevet de ma mémé, qui respirait avec difficulté. Je lui ai parlé, je me suis excusée de ne pas avoir été plus présente les dernières années, même s'il était trop tard et qu'elle ne pouvait plus me réponde. Je lui ai dit de ne pas avoir peur, que dans sa longue vie, elle avait vu pire. Qu'elle pouvait partir l'esprit en paix, parce qu'elle avait accompli tant de belles choses et que, grâce à elle, plusieurs générations avaient vu le jour et grandies pour devenir de bonnes personnes. Qu'elle pouvait se réjouir d'aller voir Pépé, qui lui manquait terriblement, et que nous la rejoindrions tous bientôt (remarquez que je ne suis pas croyante normallement). Qu'elle pourrait continuer de veiller sur nous et que nous continuerions de penser à elle. Je lui ai demandé de ne pas prolonger inutilement sa souffrance. Je me plais à croire qu'elle m'a entendu, car il m'a semblé voir les muscles autours de sa bouche et de ses yeux ainsi que son pouce se contracter. Il se peut néanmoins que ce ne soit que mon imagination.

Je suis restée avec elle trois heures, après quoi ma mère m'a annoncée qu'elle allait essayer de dormir un peu. J'avais le choix : rester ou aller me reposer. J'ai donc décidé d'aller me reposer et de revenir la voir le lendemain. Je regrette encore cette décision.

Le téléphone a sonné à 5 h 15 environ, je me suis réveillée d'un coup, je savais. Son coeur s'était arrêté à 5 h. Nous nous sommes rendus au centre pour lui faire nos adieux. Ça m'a pris deux tentatives avant de pouvoir entrer dans la chambre, je n'ai pas eu la force la première fois. Je me souviens avoir eu du mal à croire que son corps était sans vie, il me semblait encore voir sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration. Mon imagination me jouait des tours. Je m'en suis voulue de ne pas avoir été présente pour son dernier moment. En effet, j'aurais été capable de la veiller quelques heures de plus et je n'aurais pas du prendre pour acquis qu'elle serait encore là le lendemain.

Lorsque toute la famille a pu lui dire adieu, nous sommes allés déjeuner. Cela faisait des années que la famille n'avait pas été ainsi réunies. Nous avons parlé longtemps. Le soir, j'ai eu une crise d'anxiété qui a marqué le début d'une longue période (qui dure encore) d'insomnie. Je n'arrivais plus à manger, la seule chose que j'appréciais encore était le chaleur et la goût amer du café. Et dans tout ça, je devais travailler sur mon essai... La cérémonie au salon funéraire a eu lieu le mercredi suivant. Nous étions assis en petits groupes distincts. J'étais assise à l'écart avec mes deux frères et ma soeur. Je tentais d'être forte pour tout le monde, de me retenir de pleurer, de consoler ma soeur, etc. Je me suis sentie si seule ce jour-là. Je me sentais comme si je n'avais pas le droit d'être là. Je me suis sentie hypocrite, parce que je savais que je n'ai pas visité aussi souvent que j'aurais dû. Quand elle avait tenté de me parler de sa vie, je ne me suis pas montrée aussi intéressée que j'aurais dû. Et maintenant, je ne pourrai plus jamais entendre les histoires qu'elle tenait à me raconter. Tellement détachée de tout, je n'ai pas vu le temps filer avant qu'il soit trop tard. Tout s'est passé tellement vite, d'éveillée au coma, du coma à la mort, de la mort à l'urne. Et maintenant, après la cérémonie si touchante, il ne reste plus rien.

Je m'en veux. Je ne peux m'empêcher d'y penser à 4 heures du matin alors que je ne dors pas encore. Je ne referrai pas la même erreur.

Et dans tout ça, il y a aussi mon petit ami (je suis à Ottawa, il est à Boston). Si j'étais seule au salon funéraire, c'est qu'il n'a pas voulu se déplacer pour m'appuyer. Nous sommes en relation à distance depuis 3 ans, et je ne crois pas que nous allons habiter ensemble un jour. Il ne veut pas déménager ici et je ne peux pas déménager là-bas, car je n'aurai pas de travail dans mon domaine. Je crois que la fin arrive de ce côté-là.

Donc dans toutes ces épreuves, j'avais grandement besoin d'un évènement positif. C'est ainsi que moi et ma soeur allons faire un court voyage en France en avril. Ça fait longtemps qu'on a pas passé de temps ensemble, cela nous fera grand bien je crois. En attendant, les choses changent de mon côté et je crois qu'il est temps pour moi de remettre mes priorités aux bonnes places.

Parmi les nombreuses choses qui changent, mes blogues (parce que j'en avais plusieurs) avaient besoin de renouveau. J'adore écrire, mais avec plusieurs blogues, c'est dur de les tenir à jours. C'est pourquoi maintenant je les combine tous ici. J'adore écrire, alors je ne pouvais pas me résoudre à les fermer. Je crois que cette nouvelle formule fonctionnera mieux! Je vais transférer au cours des prochains jours les messages que je tiens à garder et je vais tenter de recommencer à écrire plus souvent.

Alors, après avoir créé ce blogue sur une bien sombre note et une triste histoire, je vais essayer de faire de ce blogue un endroit positif ou je pourrai partager de petits morceaux de ma vie. Ne craignez rien, ce blogue ne sera pas morbide. Au contraire, j'aimerais qu'il soit une célébration de la vie, une façon pour moi de partager mon amour de celle-ci!